De l'hôpital, vieille pratique,
Ma maîtresse est une putain
Dont le vagin syphilitique
A vérolé l'Quartier Latin.
Mais moi, vieux pilier de l'école,
Je l'aime à cause de son mal.
Oui de son mal.
Nous sommes unis par la vérole,
Mieux que par le lien conjugal.
Mieux que par le lien conjugal.
Oui, la vérole nous rassemble
Sous les mêmes lois tous les deux.
Nous vivons, nous souffrons ensemble,
Plus heureux que les demi-dieux.
Tous les matins, choquant nos verres,
Nous buvons le Van-Swieten,
Le Van-Swieten.
Et nous partageons en frères
Les pilules de Dupuytren.
Les pilules de Dupuytren.
Nous transformons en pharmacie
Le lieu sacré de nos amours.
La valériane et la charpie
S'y manipulent tour à tour.
Tandis qu'avec le bichlorure,
Elle me fait des injections,
Des injections,
Avec l'axonge et le mercure,
Moi, je lui fais des frictions.
Moi, je lui fais des frictions.
Ses cuisses ont des reflets verdâtres,
Ses seins sont flasques et flétris.
Au sommet des morpions noirâtres
Sur le fumier, ont fait leur nid.
Mais pourtant j'aime mon amante,
Et je voudrais jusqu'à demain,
Jusqu'à demain,
Lécher de ma lèvre brûlante
Le chancre de son vieux vagin.
Le chancre de son vieux vagin.
Délassement de l'innocence,
Je regarde chaque matin,
Si quelque nouvelle excroissance
Ne vient pas orner son vagin.
Tandis qu'avec un oeil humide,
Elle jette un timide regard,
Timide regard,
Sur mon corps que les syphilides
Ont taché comme un léopard.
Ont taché comme un léopard.
Quand sonnera l'heure dernière,
Nous cesserons tout traitement,
Et rongés par un vaste ulcère,
Ad patres nous irons gaiement.
Nous adressons une supplique
Pour être tous les deux portés,
Tous deux portés,
Dans un musée pathologique,
A la section des vérolés.
A la section des vérolés.
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